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=== Étymologie et apparition du mot ===
=== Étymologie et apparition du mot ===
Le terme « purgatoire » vient du verbe [[latin]] ”purgare” (« purifier, nettoyer ») ou encore du mot grec ”pur” (« feu ») par [[homophonie]]. Si le purgatoire en tant qu’épreuve de purification est très ancien, le recours à ce mot est plus récent : le substantif ”purgatorium” n’est attesté pour la première fois qu’en 1133 dans un texte de l'[[archevêque de Tours]] [[Hildebert de Lavardin]]. Le mot désignant le lieu « purgatoire » est en effet inconnu avant le {{s-|XI}} : l’un des premiers documents à le mentionner est une lettre du [[Ordre de Saint-Benoît|bénédictin]] Nicolas de Saint-Alban au [[Ordre cistercien|cistercien]] [[Pierre de Celle]] en 1176<ref>Haggh, 1997.</ref>. Pour [[Jacques Le Goff]], c’est entre [[1170]] et [[1180]] qu’a lieu la « naissance » du purgatoire dans le milieu intellectuel parisien : la purgation cesse d’être un état pour devenir un lieu. Cette évolution se fait conjointement à l’apparition progressive, au [[haut Moyen Âge]], du concept de [[péché véniel]] (”peccatum levium”), qui soulève le problème théologique des chrétiens morts sans [[péché mortel]] mais sans s’être confessés auparavant, et pour qui l'[[enfer]] est inapproprié<ref> [[Jacques Le Goff]], «[http://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_2000_num_70_1_2075 L’attente dans le christianisme : le purgatoire]», ”Communications”, 2000, Volume 70 Numéro 1 pp. 295-301.</ref>.
Le terme « purgatoire » vient du verbe [[latin]] ”purgare” (« purifier, nettoyer ») ou encore du mot grec ”pur” (« feu ») par [[homophonie]]. Si le purgatoire en tant qu’épreuve de purification est très ancien, le recours à ce mot est plus récent : le substantif ”purgatorium” n’est attesté pour la première fois qu’en 1133 dans un texte de l'[[archevêque de Tours]] [[Hildebert de Lavardin]]. Le mot désignant le lieu « purgatoire » est en effet inconnu avant le {{s-|XI}} : l’un des premiers documents à le mentionner est une lettre du [[Ordre de Saint-Benoît|bénédictin]] Nicolas de Saint-Alban au [[Ordre cistercien|cistercien]] [[Pierre de Celle]] en 1176<ref>Haggh, 1997.</ref>.
=== Datation ===
=== Datation ===
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[[Fichier:Heidelberg cpg 144 Elsässische Legenda Aurea 338r St. Patricks Fegefeuer.jpg|vignette|Manuscrit alsacien, {{s-|XV}}, ”[[La Légende dorée]].”]]
[[Fichier:Heidelberg cpg 144 Elsässische Legenda Aurea 338r St. Patricks Fegefeuer.jpg|vignette|Manuscrit alsacien, {{s-|XV}}, ”[[La Légende dorée]].”]]
Toutefois, la datation du concept demeure discutée par les historiens, qui hésitent entre une {{citation|datation haute}}, qui est celle, par exemple, de [[Pierre Chaunu]], pour lequel le purgatoire serait apparu dès [[Augustin d’Hippone]] ({{date-|354}}-{{date-|430}}), avec la notion de peines expiatrices dans l’au-delà, et d’autre part une {{citation|datation basse}}, celle de [[Jacques Le Goff]], pour lequel le purgatoire {{citation|proprement dit}} ne serait né que dans la seconde moitié du {{s-|XII}}, vers l’an {{date|1170}}, avec le mot servant à le nommer{{sfn|Cuchet|2014|loc={{§|1}}, {{numéro|7}}}}. Le concept du purgatoire comme lieu spécifique n’a été entériné dans la doctrine qu’avec le [[deuxième concile de Lyon]] (1274)<ref name=”Le Goff”> [[Jacques Le Goff]], «[http://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_1977_act_6_1_1203 La naissance du Purgatoire {{sp-|XII|-|XIII}})]», in ”Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public”, Année 1975 Volume 6 Numéro 1 pp. 7-10 </ref>.
Toutefois, la datation du concept demeure discutée par les historiens, qui hésitent entre une {{citation|datation haute}}, qui est celle, par exemple, de [[Pierre Chaunu]], pour lequel le purgatoire serait apparu dès [[Augustin d’Hippone]] ({{date-|354}}-{{date-|430}}), avec la notion de peines expiatrices dans l’au-delà, et d’autre part la {{citation|datation basse}} de [[Jacques Le Goff]].
Pour Jacques Le Goff, en effet, c’est entre {{date|1170}} et {{date|1180}} qu’a lieu la « naissance » du purgatoire dans le milieu intellectuel parisien : la purgation cesse d’être un état pour devenir un lieu, avec le mot servant à le nommer{{sfn|Cuchet|2014|loc={{§|1}}, {{numéro|7}}}}. Cette évolution se fait conjointement à l’apparition progressive, au [[haut Moyen Âge]], du concept de [[péché véniel]] (”peccatum levium”), qui soulève le problème théologique des chrétiens morts sans [[péché mortel]] mais sans s’être confessés auparavant, et pour qui l'[[enfer]] est inapproprié<ref> [[Jacques Le Goff]], «[http://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_2000_num_70_1_2075 L’attente dans le christianisme : le purgatoire]», ”Communications”, 2000, Volume 70 Numéro 1 pp. 295-301.</ref>.
Le concept de purgatoire comme lieu spécifique n’a été entériné dans la doctrine qu’avec le [[deuxième concile de Lyon]] (1274)<ref name=”Le Goff”>[[Jacques Le Goff]], «[http://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_1977_act_6_1_1203 La naissance du Purgatoire {{sp-|XII|-|XIII}})]», in ”Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public”, Année 1975 Volume 6 Numéro 1 pp. 7-10 </ref>.
De nombreux témoignages montrent que parmi les [[Christianisme primitif|premiers chrétiens]] certains auraient cru, sinon en l’existence d’un lieu, du moins d’un état où le pécheur devait expier ses péchés avant d’atteindre le paradis. L’un de ces témoignages est le récit de la passion de [[Perpétue et Félicité|Perpétue]] : en prison, elle voit en songe son jeune frère, mort avant elle, sortir d’un puits sombre. Elle va alors offrir des prières pour lui et ensuite un autre songe le montre heureux<ref >[[Jacques Le Goff]], ”La Naissance du purgatoire”, [[Éditions Gallimard|Gallimard]], coll. « Folio », Paris, 1991 ({{1re|édition}} 1981) {{ISBN|978-2-07-032644-0}}, {{p.}}74-75.</ref>. [[Jacques Le Goff]] note que, {{Citation| si la localisation du purgatoire ne gênait pas les premiers chrétiens, ni le fait d’avoir un nom pour désigner ce lieu, la réalité de secourir les défunts par la prière et l’ascèse est clairement établie dès l’antiquité chrétienne}}.
De nombreux témoignages montrent que parmi les [[Christianisme primitif|premiers chrétiens]] certains auraient cru, sinon en l’existence d’un lieu, du moins d’un état où le pécheur devait expier ses péchés avant d’atteindre le paradis. L’un de ces témoignages est le récit de la passion de [[Perpétue et Félicité|Perpétue]] : en prison, elle voit en songe son jeune frère, mort avant elle, sortir d’un puits sombre. Elle va alors offrir des prières pour lui et ensuite un autre songe le montre heureux<ref >[[Jacques Le Goff]], ”La Naissance du purgatoire”, [[Éditions Gallimard|Gallimard]], coll. « Folio », Paris, 1991 ({{1re|édition}} 1981) {{ISBN|978-2-07-032644-0}}, {{p.}}74-75.</ref>. Jacques Le Goff note que, {{Citation| si la localisation du purgatoire ne gênait pas les premiers chrétiens, ni le fait d’avoir un nom pour désigner ce lieu, la réalité de secourir les défunts par la prière et l’ascèse est clairement établie dès l’antiquité chrétienne}}.
[[Origène]] ({{s-|II}}), qui n’évoque pas un lieu mais un état, a fait de l’enfer un état provisoire : il n’existe pas de pécheur si mauvais qu’il ne soit sauvé, au terme d’un processus de « paracatartase » (du grec ”[[catharsis]]”, « purification »), pour se retrouver finalement au [[paradis]]<ref name=”Le Goff”/>. Cette opinion est considérée par l’Église comme hérétique car selon elle l’enfer est éternel, en ce sens qu’il ne finira jamais, et la punition aussi
[[Origène]] ({{s-|II}}), qui n’évoque pas un lieu mais un état, a fait de l’enfer un état provisoire : il n’existe pas de pécheur si mauvais qu’il ne soit sauvé, au terme d’un processus de « paracatartase » (du grec ”[[catharsis]]”, « purification »), pour se retrouver finalement au [[paradis]]<ref name=”Le Goff”/>. Cette opinion est considérée par l’Église comme hérétique car selon elle l’enfer est éternel, en ce sens qu’il ne finira jamais, et la punition aussi