Le procès : « Jules Dufaure » – chiffres en toutes lettres.
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C’est dans ce contexte qu’est organisé ce grand procès qui rassemble sur les bancs du tribunal correctionnel de Lyon la plupart des militants anarchistes connus à cette époque<ref>”Henri Parriat (1910-1975)”, Société d’études des sciences naturelles et historiques, 1986, [https://books.google.be/books?id=f5UzAAAAIAAJ&q=%22Proc%C3%A8s+des+66%22&dq=%22Proc%C3%A8s+des+66%22&hl=fr&sa=X&ei=kaikU67CBIev0QXm5YDgDQ&ved=0CEgQ6AEwCA page 56].</ref>, pour prouver que le gouvernement veut mettre un terme à l’agitation <ref>Michel Dreyfus, [[Claude Pennetier]], Nathalie Viet-Depaule, ”La part des militants biographie et mouvement ouvrier : autour du Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français”, Paris, Éditions de l’Atelier, 1996, [https://books.google.be/books?id=DaS1Juw72dUC&pg=PA187&lpg=PA187&dq=%22Toussaint+Bordat%22&source=bl&ots=vLiC5x5n7r&sig=vW4gGNP9-a4AbwSyIjhdftA_t1k&hl=fr&sa=X&ei=Z_amU7jfC4jDO4fxgfgF&ved=0CE8Q6AEwCw#v=onepage&q=%22Toussaint%20Bordat%22&f=false page 187].</ref> et que la République ne transige pas avec l’ordre<ref>Bruno Benoit, ”L’Identité politique de Lyon”, L’Harmattan, Paris, 1999, [https://books.google.be/books?id=loXW5V8ypr4C&pg=PA79&lpg=PA79&dq=%22Proc%C3%A8s+des+66%22&source=bl&ots=9ixITgqh2M&sig=SNBcxnkTwF3LrTrHFtkSG1oBRXs&hl=fr&sa=X&ei=VlekU-_sI4Om0QX1SA&ved=0CCMQ6AEwATgK#v=onepage&q=%22Proc%C3%A8s%20des%2066%22&f=false page 79].</ref>. La région lyonnaise est alors le premier centre d’activités anarchistes en France<ref>[[Jean Maitron]], ”Le Mouvement anarchiste en France, des origines à 1914”, tome 1, Paris, Gallimard, 1992, [https://books.google.be/books?ei=kaikU67CBIev0QXm5YDgDQ&hl=fr&id=va7aAAAAMAAJ&dq=%22Proc%C3%A8s+des+66%22&focus=searchwithinvolume&q=Lyon page 143].</ref>.
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C’est dans ce contexte qu’est organisé ce grand procès qui rassemble sur les bancs du tribunal correctionnel de Lyon la plupart des militants anarchistes connus à cette époque<ref>”Henri Parriat (1910-1975)”, Société d’études des sciences naturelles et historiques, 1986, [https://books.google.be/books?id=f5UzAAAAIAAJ&q=%22Proc%C3%A8s+des+66%22&dq=%22Proc%C3%A8s+des+66%22&hl=fr&sa=X&ei=kaikU67CBIev0QXm5YDgDQ&ved=0CEgQ6AEwCA page 56].</ref>, pour prouver que le gouvernement veut mettre un terme à l’agitation <ref>Michel Dreyfus, [[Claude Pennetier]], Nathalie Viet-Depaule, ”La part des militants biographie et mouvement ouvrier : autour du Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français”, Paris, Éditions de l’Atelier, 1996, [https://books.google.be/books?id=DaS1Juw72dUC&pg=PA187&lpg=PA187&dq=%22Toussaint+Bordat%22&source=bl&ots=vLiC5x5n7r&sig=vW4gGNP9-a4AbwSyIjhdftA_t1k&hl=fr&sa=X&ei=Z_amU7jfC4jDO4fxgfgF&ved=0CE8Q6AEwCw#v=onepage&q=%22Toussaint%20Bordat%22&f=false page 187].</ref> et que la République ne transige pas avec l’ordre<ref>Bruno Benoit, ”L’Identité politique de Lyon”, L’Harmattan, Paris, 1999, [https://books.google.be/books?id=loXW5V8ypr4C&pg=PA79&lpg=PA79&dq=%22Proc%C3%A8s+des+66%22&source=bl&ots=9ixITgqh2M&sig=SNBcxnkTwF3LrTrHFtkSG1oBRXs&hl=fr&sa=X&ei=VlekU-_sI4Om0QX1SA&ved=0CCMQ6AEwATgK#v=onepage&q=%22Proc%C3%A8s%20des%2066%22&f=false page 79].</ref>. La région lyonnaise est alors le premier centre d’activités anarchistes en France<ref>[[Jean Maitron]], ”Le Mouvement anarchiste en France, des origines à 1914”, tome 1, Paris, Gallimard, 1992, [https://books.google.be/books?ei=kaikU67CBIev0QXm5YDgDQ&hl=fr&id=va7aAAAAMAAJ&dq=%22Proc%C3%A8s+des+66%22&focus=searchwithinvolume&q=Lyon page 143].</ref>.
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[[File:Kropot_proces_66.jpg|thumb|300px|right|[[Pierre Kropotkine]] au procès.]]
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[[File:Kropot_proces_66.jpg|thumb|300px|right|[[Pierre Kropotkine]] au procès.]]
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L’accusation se base essentiellement sur la loi Dufaure du {{date-|14 mars 1872}}, réprimant la reconstitution d’une organisation internationale<ref>[[Jan Bloch]], ”La Guerre”, volume 5, Guillaumin et {{cie}}, 1898, [https://books.google.be/books?id=rfgEAAAAMAAJ&q=%22Proc%C3%A8s+des+66%22&dq=%22Proc%C3%A8s+des+66%22&hl=fr&sa=X&ei=S62kU6rqMeeq0QXjjICgAQ&ved=0CD4Q6AEwBzgK page 133].</ref>{{,}}<ref>[[Thierry Maricourt]], ”Plaidoyer pour [[Ravachol]]”, Encrage, 1997, [https://books.google.be/books?id=XNQbAQAAIAAJ&q=%22Proc%C3%A8s+des+66%22&dq=%22Proc%C3%A8s+des+66%22&hl=fr&sa=X&ei=S62kU6rqMeeq0QXjjICgAQ&ved=0CBwQ6AEwADgK page 36].</ref> « [[antiautoritaire]] »<ref name=MaitronX>[[Jean Maitron]], ”Le Mouvement anarchiste en France, des origines à 1914”, tome 1, Paris, Gallimard, 1992, pp. 171-177.</ref>, l'[[Association internationale des travailleurs]] censée avoir été reconstituée au congrès de Londres en {{date-|juillet 1881}}. Elle s’appuie sur des articles publiés dans le journal [[libertaire]] ”Le Droit social” et sur les rapports de police du commissaire spécial Perraudin<ref name=”Jampy” />.
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L’accusation se base essentiellement sur la [[Jules Dufaure|loi Dufaure]] du {{date-|14 mars 1872}}, réprimant la reconstitution d’une organisation internationale<ref>[[Jan Bloch]], ”La Guerre”, volume 5, Guillaumin et {{cie}}, 1898, [https://books.google.be/books?id=rfgEAAAAMAAJ&q=%22Proc%C3%A8s+des+66%22&dq=%22Proc%C3%A8s+des+66%22&hl=fr&sa=X&ei=S62kU6rqMeeq0QXjjICgAQ&ved=0CD4Q6AEwBzgK page 133].</ref>{{,}}<ref>[[Thierry Maricourt]], ”Plaidoyer pour [[Ravachol]]”, Encrage, 1997, [https://books.google.be/books?id=XNQbAQAAIAAJ&q=%22Proc%C3%A8s+des+66%22&dq=%22Proc%C3%A8s+des+66%22&hl=fr&sa=X&ei=S62kU6rqMeeq0QXjjICgAQ&ved=0CBwQ6AEwADgK page 36].</ref> « [[antiautoritaire]] »<ref name=MaitronX>[[Jean Maitron]], ”Le Mouvement anarchiste en France, des origines à 1914”, tome 1, Paris, Gallimard, 1992, pp. 171-177.</ref>, l'[[Association internationale des travailleurs]] censée avoir été reconstituée au congrès de Londres en {{date-|juillet 1881}}. Elle s’appuie sur des articles publiés dans le journal [[libertaire]] ”Le Droit social” et sur les rapports de police du commissaire spécial Perraudin<ref name=”Jampy” />.
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Comme souvent dans les procès de cette nature, un agent provocateur, l’indicateur de police [[Georges Garraud]] dit ”Aristide Valadier”, est mêlé aux événements qui précèdent l’affaire<ref name=”MaitronX” />.
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Comme souvent dans les procès de cette nature, un agent provocateur, l’indicateur de police [[Georges Garraud]] dit ”Aristide Valadier”, est mêlé aux événements qui précèdent l’affaire<ref name=”MaitronX” />.
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Pour le second groupe, l’accusation s’est enrichie de l’article 3 de la même loi, qui stipule que « la peine de l’emprisonnement pourra être élevée à cinq ans, et celle de l’amende à {{unité|2000 francs}}, à l’égard de tous Français ou étrangers qui auront accepté une fonction dans une de ces associations ou qui auront sciemment concouru à son développement, soit en recevant ou en provoquant à son profit des souscriptions, soit en lui procurant des adhésions collectives ou individuelles, soit enfin en propageant ses doctrines, ses statuts ou ses circulaires »<ref name=”Bordat” />{{,}}<ref name=”MaitronX” />.
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Pour le second groupe, l’accusation s’est enrichie de l’article 3 de la même loi, qui stipule que « la peine de l’emprisonnement pourra être élevée à cinq ans, et celle de l’amende à {{unité|2000 francs}}, à l’égard de tous Français ou étrangers qui auront accepté une fonction dans une de ces associations ou qui auront sciemment concouru à son développement, soit en recevant ou en provoquant à son profit des souscriptions, soit en lui procurant des adhésions collectives ou individuelles, soit enfin en propageant ses doctrines, ses statuts ou ses circulaires »<ref name=”Bordat” />{{,}}<ref name=”MaitronX” />.
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Les inculpés du second groupe sont condamnés à
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Les inculpés du second groupe sont condamnés à cinq ans de prison pour [[Pierre Kropotkine|Kropotkine]], [[Émile Gautier (journaliste)|Gautier]], Bernard et Bordat et à quatre ans de prison pour Pierre Martin.
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Sur les 52 inculpés du premier groupe, 39 écopent de
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Sur les 52 inculpés du premier groupe, 39 écopent de six mois à trois ans de prison, sans compter les lourdes condamnations par contumace.
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Selon l’historien [[Jean Maitron]], « Ces peines étaient lourdes : elles montraient que le gouvernement paraissait attacher de l’importance au mouvement anarchiste naissant et était décidé à ne pas tolérer son développement »<ref name=”MaitronX” />.
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Selon l’historien [[Jean Maitron]], « Ces peines étaient lourdes : elles montraient que le gouvernement paraissait attacher de l’importance au mouvement anarchiste naissant et était décidé à ne pas tolérer son développement »<ref name=”MaitronX” />.
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