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En [[1856]], [[Louis Edmond Duranty]] et [[Jules Assézat]] lancent la revue ”[[Réalisme (revue)|Réalisme]]”, qui publiera quelques numéros jusqu’en 1857. Duranty demande au roman de couvrir les divers aspects de la vie : {{citation bloc|Beaucoup de romanciers, non réalistes, ont la manie de faire exclusivement dans leurs œuvres l’histoire des âmes et non celle des hommes tout entiers. […] Or, au contraire, la société apparaît avec de grandes divisions ou professions qui ”font” l’homme et lui donnent une physionomie ”plus saillante” encore que celle qui lui est faite par ses instincts naturels; les principales passions de l’homme s’attachent à sa profession sociale, elle exerce une pression sur ses idées, ses désirs, son but, ses actions<ref>Duranty, «[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10511021/f10.image Le spectacle social]», ”Réalisme”, 15 novembre 1856, p. 4.</ref>.}}
En [[1856]], [[Louis Edmond Duranty]] et [[Jules Assézat]] lancent la revue ”[[Réalisme (revue)|Réalisme]]”, qui publiera quelques numéros jusqu’en 1857. Duranty demande au roman de couvrir les divers aspects de la vie : {{citation bloc|Beaucoup de romanciers, non réalistes, ont la manie de faire exclusivement dans leurs œuvres l’histoire des âmes et non celle des hommes tout entiers. […] Or, au contraire, la société apparaît avec de grandes divisions ou professions qui ”font” l’homme et lui donnent une physionomie ”plus saillante” encore que celle qui lui est faite par ses instincts naturels; les principales passions de l’homme s’attachent à sa profession sociale, elle exerce une pression sur ses idées, ses désirs, son but, ses actions<ref>Duranty, «[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10511021/f10.image Le spectacle social]», ”Réalisme”, 15 novembre 1856, p. 4.</ref>.}}
[[Fichier:Honoré de Balzac (1842).jpg|vignette|[[Honoré de Balzac]].]]
[[Honoré de Balzac]] est désigné comme un écrivain réaliste<ref name=”:4″>{{Lien web|langue=fr|nom1=Larousse|prénom1=Éditions|titre=Encyclopédie Larousse en ligne – réalisme|url=http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/r%C3%A9alisme/86007|site=www.larousse.fr|consulté le=2017-02-05}}</ref>, car dans l’œuvre de sa vie, ”[[La Comédie humaine]]”, il s’attache à observer le réel avec une extrême acuité et prend pour thèmes des réalités jusque-là ignorées par le roman, parce que vulgaires, laides ou banales. Ses romans mettent en scène l’ensemble des classes sociales, sauf la classe ouvrière, et insistent sur l’importance de l’argent dans toute la société du {{s-|XIX}}. Toutefois, la plupart des critiques refusent d’enfermer Balzac sous l’étiquette réaliste, car l’observation y est souvent transformée par un jeu d’hyperboles et d’analogies, comme le souligne notamment [[Albert Béguin]]. En outre, certains romans de Balzac sont d’inspiration fantastique, ésotérique ou romantique. Les historiens de la littérature voient donc plutôt chez Balzac, tout comme chez [[Stendhal]], George Sand et [[Prosper Mérimée]], la naissance du roman moderne<ref>{{harvsp|Picon 1958|p=1041}}</ref>. ”[[La Comédie humaine]]”, immense fresque narrative d’une influence capitale pour toute réflexion sur le romanesque (et rassemblant les quelque 95 romans d’Honoré de Balzac)<ref name=”:2″>{{Article|langue=Français|auteur1=|titre=Comédie humaine (La)|périodique=Le Grand Robert de la langue française|date=consulté le 5 février 2017|issn=|lire en ligne=|pages=}}</ref>, se caractérise ainsi à travers trois éléments spécifiques: le sens de l’observation, l’imagination et la construction<ref name=”:2″ />. Le sens de l’observation confère un aspect historique aux romans de l’auteur à travers une analyse de la société du {{S|XIX}} ; avec l’imagination, l’écrivain joue sur différents registres (il sera notamment influencé par les effets de la littérature fantastique permettant de révéler certaines valeurs inattendues de la réalité); enfin, la construction représente un trait fondamental des écrits de Balzac à travers le retour des personnages dans différents de ses romans<ref name=”:2″ />.
[[Fichier:Gustave Flaubert par Pierre François Eugène Giraud.jpg|vignette|gauche|[[Gustave Flaubert]].]]
[[Honoré de Balzac]] est désigné comme un écrivain réaliste<ref name=”:4″>{{Lien web|langue=fr|nom1=Larousse|prénom1=Éditions|titre=Encyclopédie Larousse en ligne – réalisme|url=http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/r%C3%A9alisme/86007|site=www.larousse.fr|consulté le=2017-02-05}}</ref>, car dans l’œuvre de sa vie, ”[[La Comédie humaine]]”, il s’attache à observer le réel avec une extrême acuité et prend pour thèmes des réalités jusque-là ignorées par le roman, parce que vulgaires, laides ou banales. Ses romans mettent en scène l’ensemble des classes sociales, sauf la classe ouvrière, et insistent sur l’importance de l’argent dans toute la société du {{s-|XIX}}. Toutefois, la plupart des critiques refusent d’enfermer Balzac sous l’étiquette réaliste, car l’observation y est souvent transformée par un jeu d’hyperboles et d’analogies, comme le souligne notamment [[Albert Béguin]]. En outre, certains romans de Balzac sont d’inspiration fantastique, ésotérique ou romantique. Les historiens de la littérature voient donc plutôt chez Balzac, tout comme chez [[Stendhal]], George Sand et [[Prosper Mérimée]], la naissance du roman moderne<ref>{{harvsp|Picon 1958|p=1041}}</ref>. ”[[La Comédie humaine]]”, immense fresque narrative d’une influence capitale pour toute réflexion sur le romanesque (et rassemblant les quelque 95 romans d’Honoré de Balzac)<ref name=”:2″>{{Article|langue=Français|auteur1=|titre=Comédie humaine (La)|périodique=Le Grand Robert de la langue française|date=consulté le 5 février 2017|issn=|lire en ligne=|pages=}}</ref>, se caractérise ainsi à travers trois éléments spécifiques: le sens de l’observation, l’imagination et la construction<ref name=”:2″ />. Le sens de l’observation confère un aspect historique aux romans de l’auteur à travers une analyse de la société du {{S|XIX}} ; avec l’imagination, l’écrivain joue sur différents registres (il sera notamment influencé par les effets de la littérature fantastique permettant de révéler certaines valeurs inattendues de la réalité); enfin, la construction représente un trait fondamental des écrits de Balzac à travers le retour des personnages dans différents de ses romans<ref name=”:2″ />.
[[Gustave Flaubert]] est très tôt conscient que le réalisme se contredit, étant donné que l’écriture ne peut produire que du texte, et non du réel. Il refuse de se laisser identifier au mouvement : {{citation|À propos de mes amis, vous ajoutez “mon école”. Mais je m’abîme le tempérament à tâcher de n’avoir pas d’école ! ”a priori”, je les repousse toutes. […] Je regarde comme très secondaire le détail technique, le renseignement local, enfin le côté historique et exact des choses<ref>Gustave Flaubert, [http://flaubert.univ-rouen.fr/correspondance/conard/outils/1875.htm Lettre à George Sand]</ref>.}} Cependant, Gustave Flaubert s’inscrit malgré lui {{Incise|d’une certaine manière}} dans le courant réaliste, à travers notamment la précision de ses descriptions abondantes. En effet, l’émotion n’est, pour lui, qu’une conséquence de l’exactitude avec laquelle les personnages et les décors sont détaillés ; ses écrits sont donc le fruit de très nombreuses recherches, notamment scientifiques, afin d’élaborer ses livres sur base de connaissances approfondies<ref name=”:3″>{{Lien web|langue=fr|nom1=Larousse|prénom1=Éditions|titre=Encyclopédie Larousse en ligne – Gustave Flaubert|url=http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Gustave_Flaubert/119630|site=www.larousse.fr|consulté le=2017-02-05}}</ref>. De plus, ses romans sont bien souvent inspirés d’événements réels tels que des faits divers et c’est l’un de ses plus grands romans qui en fait l’exemple: ”[[Madame Bovary]]” (1856)<ref name=”:3″ />.
[[Gustave Flaubert]] est très tôt conscient que le réalisme se contredit, étant donné que l’écriture ne peut produire que du texte, et non du réel. Il refuse de se laisser identifier au mouvement : {{citation|À propos de mes amis, vous ajoutez “mon école”. Mais je m’abîme le tempérament à tâcher de n’avoir pas d’école ! ”a priori”, je les repousse toutes. […] Je regarde comme très secondaire le détail technique, le renseignement local, enfin le côté historique et exact des choses<ref>Gustave Flaubert, [http://flaubert.univ-rouen.fr/correspondance/conard/outils/1875.htm Lettre à George Sand]</ref>.}} Cependant, Gustave Flaubert s’inscrit malgré lui {{Incise|d’une certaine manière}} dans le courant réaliste, à travers notamment la précision de ses descriptions abondantes. En effet, l’émotion n’est, pour lui, qu’une conséquence de l’exactitude avec laquelle les personnages et les décors sont détaillés ; ses écrits sont donc le fruit de très nombreuses recherches, notamment scientifiques, afin d’élaborer ses livres sur base de connaissances approfondies<ref name=”:3″>{{Lien web|langue=fr|nom1=Larousse|prénom1=Éditions|titre=Encyclopédie Larousse en ligne – Gustave Flaubert|url=http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Gustave_Flaubert/119630|site=www.larousse.fr|consulté le=2017-02-05}}</ref>. De plus, ses romans sont bien souvent inspirés d’événements réels tels que des faits divers et c’est l’un de ses plus grands romans qui en fait l’exemple: ”[[Madame Bovary]]” (1856)<ref name=”:3″ />.
Il n’y a cependant jamais eu d”’école” réaliste, regroupant des écrivains sous la bannière d’une communauté esthétique revendiquée, comme [[Victor Hugo]] l’a été pour le [[Romantisme français|romantisme]]. Certains auteurs français, néanmoins, se voient qualifiés de « réalistes » de manière assez récurrente, tels que Maupassant, Stendhal ou encore les frères Goncourt. Maupassant est en effet le créateur de certains contes et nouvelles réalistes dans lesquels il dépeint, dans un style simple et avec beaucoup de précision, la réalité<ref>{{Article|langue=Français|auteur1=|titre=Maupassant (Guy de)|périodique=Le Grand Robert de la langue française|date=consulté le 5 février 2017|issn=|lire en ligne=|pages=}}</ref>. Stendhal, quant à lui, écrit avec une grande sensibilité esthétique et rend compte, sans indulgence, des mœurs de son temps (avec des héros contre l’ordre social, qui méprisent le règne de l’argent, etc.); il associera également le roman à un miroir promené le long d’un chemin<ref>{{Article|langue=Français|auteur1=|titre=Stendhal|périodique=Le Grand Robert de la langue française|date=consulté le 5 février 2017|issn=|lire en ligne=|pages=}}</ref>. Enfin, les frères Goncourt possèdent également une place à part entière dans ce courant avec leur “réalisme documentaire”; cependant, leur style d’écriture recèle aussi de nombreuses notes impressionnistes<ref>{{Lien web|langue=fr|nom1=Larousse|prénom1=Éditions|titre=Encyclopédie Larousse en ligne – Edmond Huot de Goncourt ou Jules Huot de Goncourt|url=http://www.larousse.fr/encyclopedie/groupe-personnage/Edmond_Huot_de_Goncourt/121777|site=www.larousse.fr|consulté le=2017-02-05}}</ref>.
Il n’y a cependant jamais eu d”’école” réaliste, regroupant des écrivains sous la bannière d’une communauté esthétique revendiquée, comme [[Victor Hugo]] l’a été pour le [[Romantisme français|romantisme]]. Certains auteurs français, néanmoins, se voient qualifiés de « réalistes » de manière assez récurrente, tels que Maupassant, Stendhal ou encore les frères Goncourt. Maupassant est en effet le créateur de certains contes et nouvelles réalistes dans lesquels il dépeint, dans un style simple et avec beaucoup de précision, la réalité<ref>{{Article|langue=Français|auteur1=|titre=Maupassant (Guy de)|périodique=Le Grand Robert de la langue française|date=consulté le 5 février 2017|issn=|lire en ligne=|pages=}}</ref>. Stendhal, quant à lui, écrit avec une grande sensibilité esthétique et rend compte, sans indulgence, des mœurs de son temps (avec des héros contre l’ordre social, qui méprisent le règne de l’argent, etc.); il associera également le roman à un miroir promené le long d’un chemin<ref>{{Article|langue=Français|auteur1=|titre=Stendhal|périodique=Le Grand Robert de la langue française|date=consulté le 5 février 2017|issn=|lire en ligne=|pages=}}</ref>. Enfin, les frères Goncourt possèdent également une place à part entière dans ce courant avec leur “réalisme documentaire”; cependant, leur style d’écriture recèle aussi de nombreuses notes impressionnistes<ref>{{Lien web|langue=fr|nom1=Larousse|prénom1=Éditions|titre=Encyclopédie Larousse en ligne – Edmond Huot de Goncourt ou Jules Huot de Goncourt|url=http://www.larousse.fr/encyclopedie/groupe-personnage/Edmond_Huot_de_Goncourt/121777|site=www.larousse.fr|consulté le=2017-02-05}}</ref>.
[[Fichier:Emile Zola MOPA.jpg|vignette|[[Émile Zola]].]]
En revanche, le [[naturalisme (littérature)|naturalisme]], qui est issu des principes du réalisme, constitue davantage une « école » à proprement parler, selon les historiens de la littérature. C’est [[Émile Zola]] qui le premier utilise ce terme, en 1880, dans son célèbre essai ”[[Le Roman expérimental]]”. Il veut aller plus loin que Balzac en s’attachant au monde des ouvriers. Fasciné par le succès de la [[méthode expérimentale]] dans le domaine scientifique (méthode qu’avait popularisée un livre de [[Claude Bernard]] sur la médecine expérimentale), il veut appliquer cette méthode au roman et ainsi donner une nouvelle dimension au réalisme, grâce à une démarche censée fonder une analyse objective de phénomènes tels que l’hérédité et l’alcoolisme. Zola décrit minutieusement chaque détail dans ses romans qu’il veut tels de véritables comptes rendus expérimentaux dans lesquels la physiologie prime (influence du [[positivisme]]). En outre, il adopte une double démarche constituée, premièrement, de l’observation des faits de la nature, et, deuxièmement, de l’expérimentation des mécanismes de ces faits<ref>{{Article|langue=Français|auteur1=|titre=Zola (Emile)|périodique=Le Grand Robert de la langue française|date=consulté le 5 février 2017|issn=|lire en ligne=|pages=}}</ref>. Comme Flaubert et Champfleury l’avaient fait pour le réalisme, Zola refuse toutefois de faire du naturalisme une école : {{citation bloc|C’est pourquoi j’ai dit tant de fois que le naturalisme n’était pas une école, que par exemple il ne s’incarnait pas dans le génie d’un homme ni dans le coup de folie d’un groupe, comme le romantisme, qu’il consistait simplement dans l’application de la méthode expérimentale à l’étude de la nature et de l’homme. […] Donc, dans le naturalisme, il ne saurait y avoir ni de novateurs ni de chefs d’école. Il y a simplement des travailleurs plus puissants les uns que les autres<ref>”[[s:Le Roman expérimental|Le Roman expérimental]]”</ref>.}}
En revanche, le [[naturalisme (littérature)|naturalisme]], qui est issu des principes du réalisme, constitue davantage une « école » à proprement parler, selon les historiens de la littérature. C’est [[Émile Zola]] qui le premier utilise ce terme, en 1880, dans son célèbre essai ”[[Le Roman expérimental]]”. Il veut aller plus loin que Balzac en s’attachant au monde des ouvriers. Fasciné par le succès de la [[méthode expérimentale]] dans le domaine scientifique (méthode qu’avait popularisée un livre de [[Claude Bernard]] sur la médecine expérimentale), il veut appliquer cette méthode au roman et ainsi donner une nouvelle dimension au réalisme, grâce à une démarche censée fonder une analyse objective de phénomènes tels que l’hérédité et l’alcoolisme. Zola décrit minutieusement chaque détail dans ses romans qu’il veut tels de véritables comptes rendus expérimentaux dans lesquels la physiologie prime (influence du [[positivisme]]). En outre, il adopte une double démarche constituée, premièrement, de l’observation des faits de la nature, et, deuxièmement, de l’expérimentation des mécanismes de ces faits<ref>{{Article|langue=Français|auteur1=|titre=Zola (Emile)|périodique=Le Grand Robert de la langue française|date=consulté le 5 février 2017|issn=|lire en ligne=|pages=}}</ref>. Comme Flaubert et Champfleury l’avaient fait pour le réalisme, Zola refuse toutefois de faire du naturalisme une école : {{citation bloc|C’est pourquoi j’ai dit tant de fois que le naturalisme n’était pas une école, que par exemple il ne s’incarnait pas dans le génie d’un homme ni dans le coup de folie d’un groupe, comme le romantisme, qu’il consistait simplement dans l’application de la méthode expérimentale à l’étude de la nature et de l’homme. […] Donc, dans le naturalisme, il ne saurait y avoir ni de novateurs ni de chefs d’école. Il y a simplement des travailleurs plus puissants les uns que les autres<ref>”[[s:Le Roman expérimental|Le Roman expérimental]]”</ref>.}}
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Les interventions directes du narrateur, porte-parole de l’auteur dans le récit, disparaissent. Le narrateur s’efface ainsi derrière son personnage, dont le [[Point de vue narratif|point de vue]] devient prédominant. Cette substitution se traduit par la fréquence du [[Discours indirect libre|style indirect libre]], où la parole du narrateur fait place à celle du personnage sans qu’il y ait de marques du discours direct.
Les interventions directes du narrateur, porte-parole de l’auteur dans le récit, disparaissent. Le narrateur s’efface ainsi derrière son personnage, dont le [[Point de vue narratif|point de vue]] devient prédominant. Cette substitution se traduit par la fréquence du [[Discours indirect libre|style indirect libre]], où la parole du narrateur fait place à celle du personnage sans qu’il y ait de marques du discours direct.
Le réel étant vu à travers le regard du personnage, il se limite à ce que celui-ci en perçoit d’où la multiplication des scènes destinées à amener de façon vraisemblable de nombreuses descriptions. Celles-ci sont particulièrement précises : les lieux, les personnages et les objets sont minutieusement décrits. Le romancier utilisera un vocabulaire spécifique du milieu décrit : Flaubert lit des traités d’archéologie pour écrire [[Salammbo]], Zola présente en détail la diversité des petits métiers de la mine dans [[Germinal (roman)|Germinal]]… De plus, les auteurs réalistes utilisent souvent des indicateurs spatiaux-temporels ainsi que des toponymes (=nom de lieu réel) afin de situer le texte. Les descriptions sont nombreuses. Voici, à titre d’exemple, une description très détaillée, usant d’un vocabulaire riche et précis, issue du ”Père Goriot” de Balzac: <blockquote>La façade de la pension donne sur un jardinet, en sorte que la maison tombe à angle droit sur la rue Neuve-Sainte-Geneviève, où vous la voyez coupée dans sa profondeur. Le long de cette façade, entre la maison et le jardinet, règne un cailloutis en cuvette, large d’une toise, devant lequel est une allée sablée, bordée de géraniums, de lauriers-roses et de grenadiers plantés dans de grands vases en faïence bleue et blanche. On entre dans cette allée par une porte bâtarde, surmontée d’un écriteau sur lequel est écrit: MAISON-VAUQUER, et dessous: ”Pension bourgeoise des deux sexes et autres”<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Honoré de BALZAC|titre=Le Père Goriot|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=1971|pages totales=436|passage=p. 23-24|isbn=}}</ref>.</blockquote>Ajoutons que le personnage a une place très importante au sein du roman réaliste; il n’est d’ailleurs pas neutre à l’égard des idéologies et des philosophies, dans un but de revendication et d’une pratique de la liberté<ref name=”:6″>{{Article|langue=Français|auteur1=Gerald M. Ackerman et Henri Mitterand|titre=Réalisme, art et littérature|périodique=Universalis éducation [en ligne]. Encyclopædia Universalis|date=consulté le 5 février 2017|issn=|lire en ligne=http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/realisme-art-et-litterature/|pages=}}</ref>. Ainsi, le personnage reçoit trois fonctions: il est le héros d’une aventure, le médiateur d’un énoncé didactique sur le monde et il assure la solidarité entre la narration (événements, actes, etc.) et la description (êtres, choses).
Le réel étant vu à travers le regard du personnage, il se limite à ce que celui-ci en perçoit d’où la multiplication des scènes destinées à amener de façon vraisemblable de nombreuses descriptions. Celles-ci sont particulièrement précises : les lieux, les personnages et les objets sont minutieusement décrits. Le romancier utilisera un vocabulaire spécifique du milieu décrit : Flaubert lit des traités d’archéologie pour écrire [[Salammbo]], Zola présente en détail la diversité des petits métiers de la mine dans [[Germinal (roman)|Germinal]]… De plus, les auteurs réalistes utilisent souvent des indicateurs spatiaux-temporels ainsi que des toponymes (=nom de lieu réel) afin de situer le texte. Les descriptions sont nombreuses. Voici, à titre d’exemple, une description très détaillée, usant d’un vocabulaire riche et précis, issue du ”Père Goriot” de Balzac: <blockquote>La façade de la pension donne sur un jardinet, en sorte que la maison tombe à angle droit sur la rue Neuve-Sainte-Geneviève, où vous la voyez coupée dans sa profondeur. Le long de cette façade, entre la maison et le jardinet, règne un cailloutis en cuvette, large d’une toise, devant lequel est une allée sablée, bordée de géraniums, de lauriers-roses et de grenadiers plantés dans de grands vases en faïence bleue et blanche. On entre dans cette allée par une porte bâtarde, surmontée d’un écriteau sur lequel est écrit: MAISON-VAUQUER, et dessous: ”Pension bourgeoise des deux sexes et autres”<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Honoré de BALZAC|titre=Le Père Goriot|éditeur=[[Éditions Gallimard]]|année=1971|pages totales=436|passage=p. 23-24|isbn=}}</ref>.</blockquote>Ajoutons que le personnage a une place très importante au sein du roman réaliste; il n’est d’ailleurs pas neutre à l’égard des idéologies et des philosophies, dans un but de revendication et d’une pratique de la liberté<ref name=”:6″>{{Article|langue=Français|auteur1=Gerald M. Ackerman et Henri Mitterand|titre=Réalisme, art et littérature|périodique=Universalis éducation [en ligne]. Encyclopædia Universalis|date=consulté le 5 février 2017|issn=|lire en ligne=http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/realisme-art-et-litterature/|pages=}}</ref>. Ainsi, le personnage reçoit trois fonctions: il est le héros d’une aventure, le médiateur d’un énoncé didactique sur le monde et il assure la solidarité entre la narration (événements, actes, etc.) et la description (êtres, choses).
== Le Réalisme en Grande-Bretagne ==
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